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Le pont génois d'Alisu

U ponte d'Alisu  

Le pont génois d'Alisu se situe sur la Bravone, au niveau de la confluence de cette rivière avec le ruisseau de Suariu, et en amont des grandioses et sauvages gorges de la Bravone. 

Les impressionnantes gorges de la Bravone, à Zalana

 

Le pont génois d'Alisu, sur la Bravone, entre Zalana et Matra

C'est un pont classique, construit au XVI ème siècle, sous l'impulsion de Gênes qui souhaitait développer l'économie du centre de l'île. Il permettait de relier Matra à Zalana, et plus largement il contribuait à mettre en relation la région de Cervione avec le Cortenais en passant par la piève de Serra et en contournant l'imposant massif des Caldane.

L'arche unique du pont

Avec son arche unique formant une voute de plein cintre, il mesure 22 mètres de long (10 mètres d'une culée à l'autre, celles-ci étant solidement ancrées sur le rocher). Le tablier, en dos-d'âne, est constitué de deux pentes séparées par une arête (en forme d'accent circonflexe). Sa hauteur est de sept mètres par rapport au niveau de l'eau et sa largeur de 3,80 mètres (3 mètres en ne comptant que la chaussée): la largeur correspondait aux normes fixées par la République, à savoir que deux mules bâtées pouvaient se croiser sur le pont sans se gêner.  Une dimension certes modeste, mais un pont très utile car il était impossible de franchir la rivière à gué en hiver.

le pont avec la chaussée en très mauvais état (rive Matra)

Actuellement, le pont conserve tous ses attributs architecturaux (arche, tablier, culées, parapet) mais on peut regretter une forte dégradation du pavement et des parapets sur la rive gauche de la rivière ( rive de Matra): une restauration rapide s'avèrerait nécessaire afin que la construction n'en pâtisse pas à court terme.

Les dernières crues de la Bravone, en décembre 2016, ont fortement fragilisé le pont et détérioré les parapets. Il n'est pas le seul pont génois à avoir souffert dans l'île. Ces ponts ont résisté durant plus de quatre siècles aux intempéries qui existaient déjà par le passé (les pluies violentes suivies de crues dévastatrices ne datent pas d'aujourd'hui, n'en déplaise au GIEC et aux médias...). Par contre, jadis, les cours d'eau étaient nettoyés et les troncs qui tombaient dedans étaient débités et utilisés pour le chauffage... de nos jours, lors des crues, ces troncs servent de béliers pour détruire les ponts. A notre époque, il vaut mieux tracer des pistes dans le maquis pour y passer en 4X4: c'est plus dans l'air du temps plutôt que de s'intéresser à notre héritage culturel et à notre patrimoine historique...

moulin, près du pont (côté Matra)

 A côté du pont, côté Matra, on remarque les ruines d'un ancien moulin: à l'intérieur, on distingue encore le bief alimentant la roue et une meule en fort mauvais état (photo ci-dessous).

Une meule cassée, ultime vestige de l'activité meunière, moulin de Matra

 Près de l'entrée de la ruine, une pierre (linteau ?) laisse voir des initiales (J  M) et une date: 1858. 

Une date, 1858... émouvant témoignage de la présence humaine il y a près de deux siècles

 De l'autre côté de la rivière (rive de Zalana), on observe un autre moulin, plus imposant celui-là. Malgré son aspect aussi ruiniforme que le premier, il conserve des volets à quelques fenêtres ! le toit et les planchers se sont effondrés. L'enduit à la chaux dont est encore recouverte la façade témoigne de la richesse (toute relative) de son ancien propriétaire.

Le moulin

 

Le moulin de Zalana (détail)

 Par contre, on identifie nettement le bief d'arrivée d'eau (bief encore couvert par endroits et en bon état) qui acheminait l'eau jusqu'aux meules. Au bout du bief, une grille destinée à protéger la roue -disparue- (photo). Sous la grille, l'abée est encore en bon état. Ce moulin pourrait être restauré partiellement, ou du moins consolidé.

au bout du bief, quasiment intact, le radier encore présent

 Cet ensemble moulins/pont/chemin muletier/habitat témoigne du fait que cet endroit constituait, en milieu rural, une entité économique séparée des communautés villageoises et alimentées par elles. Le chemin muletier pavé (pas encore dégradé, miracle !) dont on voit quelques tronçons ci-dessous, constituait un axe majeur de communications, non seulement inter-villageoises (de Matra à Zalana) mais également inter-microrégionales (chemin reliant Cervione à Corté en passant par Zalana, Zuani, San Cumiziu et le Boziu). Cela prouve la réalité des échanges de marchandises et de produits de la terre, du moins dans les périodes d'abondance ( voir article sur le plan terrier): farines (puisque moulins), huile d'olives, céréales, châtaignes, vin, produits animaux.... cela permettait aussi le passage des colporteurs et des voyageurs, voire des troupes armées en cas de besoin.

Le chemin de Matra à Zalana

 

Un chemin bien raide pour les hommes et les mulets, mais bien empierré

 

Le plus gros châtaignier en Corse ?

En remontant vers Zalana, on trouve un des plus gros et anciens châtaigniers de Corse, à en juger par la taille de la personne qui pourtant a le bras long...

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