Zuani et Saint Théophile

San Teofalu di Corti

Depuis 1729 et l'affaire des «due seini» dans le Boziu, la Corse était en situation de révolte ouverte -et armée- contre la République de Gênes; cette dernière, mal en point sur le plan économique et financier, jugeant la situation de plus en plus critique, se sentit obligée de faire appel aux puissances étrangères pour rétablir l'ordre dans l'île. Gênes sollicita Charles VI, empereur du Saint Empire Romain Germanique (l'Allemagne n'existait pas à cette époque), qui, moyennant finances, accepta d'intervenir militairement pour réprimer l'insurrection qui se propageait dans toute la Corse.

Frederic louis de wurtemberg

Une armée impériale partit pour l'île, ayant à sa tête le prince Frédéric-Louis de Wurtemberg. Ce dernier, magnanime et sur les conseils de Charles VI, proposa l'amnistie aux insulaires s'ils déposaient les armes. Il allait, sur leur refus, engager une nouvelle campagne, les Corses s'apprêtant à se retirer dans leurs montagnes pour leur faire une guerre de partisans, quand la cour de Vienne reconnut loyalement que le peuple corse avait été lésé dans ses droits et ordonna de conclure une paix qui les lui restituait. La situation des Corses, il est vrai, devenait critique car une partie de l'armée de Charles VI, après avoir occupé Corté, menaçait d'écraser les rebelles et notamment de raser le village de Zuani, foyer particulièrement actif de révolte.

Pendant que le prince de Wurtemberg combinait ses plans avec Wachtendonk et son état-major, juste avant que se fit la paix exigée par l'empereur, le Père Théophile (Blaise de Signori) proposa ses bons offices de médiation à la demande insistante des habitants de Zuani et des environs. Les troupes impériales qui avaient sans doute éprouvé les effets de la valeur de ces montagnards s'apprêtaient à les châtier, et nulle résistance ne leur était possible, les forces étant trop inégales. Il leur fallut donc parlementer. Il s'adressèrent au Père Théophile pour obtenir du général en chef la charte de pardon qui les ferait rentrer en grâce avec la République de Gênes. Le saint religieux n'hésita pas à se rendre à leurs désirs. Le prince de Wurtemberg avait avec lui la force de son armée, soit neuf mille hommes basés à Aléria et à Corté. C'est dans cette cité que le Père Théophile vint le trouver après lui avoir demandé audience. Son « ritiru », le couvent Saint François de Zuani, étant occupé par les soldats impériaux, il préféra trouver un humble gîte à Corté le temps de l'entrevue, au grand regret de sa famille qui aurait voulu l'accueillir dans une plus confortable demeure.

Couvent de Zuani où vecut st theophile

Son compagnon de route, le père Antoine, de Saint-Laurent, nous donne des détails sur leur séjour, du 8 au 11 mai 1732, notamment en évoquant leur frugal repas de la veille de l'entrevue : un morceau de pain et un oignon à deux. Reçu assez froidement par le Prince en personne, probablement au couvent Saint François de Corté où stationnait l'état-major impérial, le serviteur de Dieu se conduisit avec tant d'habileté et de bonne grâce qu'il obtint non seulement ce qu'il demandait, mais de plus que l'armée, venant de Corté, ne passât pas par Zuani pour se rendre à Aléria afin d'éviter tout dérapage de part et d'autre. Les troupes empruntèrent probablement le chemin passant par Pietraserena et Pancheraccia pour rejoindre la plaine. A cette époque, il n'y avait pas de chemin direct et carrossable le long du Tavignanu.

Entrevue entre le pere theophile et le prince de wurtemberg

Zuani fut sauvé de la destruction par celui qui, le 29 juin 1930, sera canonisé et deviendra Saint Théophile.

Relique de saint theophile

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