E sentinelle di a pieve

Les sentinelles de la piève de la Serra

Les incursions barbaresques ont terrorisé la population corse pendant des siècles (voir l'article sur l'origine du drapeau corse): c'est au XVIème siècle que Gênes se décida de doter l'île d'un système de défense passive en construisant les fameuses tours génoises. Plus de 90 au total seront bâties sur tout le littoral, d'est en ouest et du nord au sud. Ces tours étaient destinées au guet et à prévenir les populations locales de l'imminence d'une incursion barbaresque avec les razzias qui généralement s'ensuivaient. Ces tours, il faut le savoir, étaient payées par les autochtones habitant dans les villages de montagne: de ce fait, en fonction des contributions financières versées par chaque communauté concernée, la construction pouvait prendre un certain temps...

La tour de Diana, comme la tour de Bravone, participaient donc au système d'alerte mis en place pour protéger la piève de la Serra, notamment.

La première est située sur le partie sud du grau de l'étang de Diana et on peut encore en voir les vestiges. Elle a été construite sur un promontoire rocheux d'une dizaine de mètres au dessus du niveau de la mer ( l'étang de Diana, avec sa profondeur maximum de 11 mètres et son chenal de communication  avec la mer particulièrement profond, est ce que les géomorphologues appellent un étang tectonique car sa présence découle d'un petit synclinal plissé dans le miocène local et envahi par la mer lors de la dernière transgression post-glaciaire). Sur des poudingues (galets enrobés d'une matrice argileuse), la construction domine à la fois l'étang et la plage, donc le large. De plus, de par sa position, elle avait en vue la tour de Bravone au nord, et la tour de Vignale au sud, aujourd'hui complètement disparues toutes deux.

la tour génoise vue de la plage.jpg

La tour, de facture classique, ronde, d'un diamètre de 8 mètres environ, devait mesurer une douzaine de mètres de hauteur, dimension suffisante pour pouvoir observer la mer au large, afin d'y apercevoir d'éventuelles felouques barbaresques. Le chemin de ronde sommital a disparu et seule subsiste la salle de garde, sans toit, percée d'une porte faisant face à la montagne, et de deux ouvertures au sud et l'est (face à la mer). L'accès à la porte, située à cinq mètres de hauteur, se faisait par une échelle.

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La situation géographique de cette tour n'est pas anodine. Outre qu'elle est située sur un promontoire rocheux lui permettant d'avoir une vue dominante à 360 degrés, elle est située à l'embouchure de l'étang de Diana: ce dernier constituait un mouillage des plus sûrs pour les barbaresques qui pouvaient mettre leurs vaisseaux en sécurité, le temps d'aller piller les villages de l'intérieur; inévitablement, les envahisseurs venus de l'autre côté de la Méditerranée devaient passer par là pour pouvoir abriter leurs navires plutôt que de courir le risque de les voir endommagés par une tempête imprévue. Les autres étangs n'étaient pas suffisamment profonds ou d'accès délicat pour pouvoir passer des chenaux de communication à l'étiage la majeure partie de l'année.

 vue du grau de l'étang depuis la tour.jpg

La tour de Diana, occupée en général par deux ou trois gardes, avait donc pour vocation de guetter d'éventuels visiteurs venus par mer et d'avertir les populations situées en montagne de l'imminence d'un débarquement hostile: Zuani, Zalana, Pianellu, Matra, Campi, Moïta, Tocchisu, Tallone et Linguizetta étaient les communautés les plus concernées. Les villageois avaient ainsi le temps de réagir et de prendre le maquis ou d'organiser leur défense, selon le nombre d'assaillants.

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